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QUI ?

À la fin des années 70, alors qu’il se lançait en autodidacte dans l’aventure qui ferait de lui le premier matador de toros aquitain depuis un siècle et le cinquième français à confirmer son alternative à Madrid, André Viard fut qualifié par José Carlos Arévalo « d’artiste aux talents multiples ».

Dix ans plus tard, Claude Pelletier écrivit de lui : « Jadis, dans les bibliothèques monacales, des tonsurés anonymes et savants, de souche royale parfois, passaient une vie entière à enluminer trois parchemins considérés comme essentiels. Au nom de la rose. La démarche de Viard ressemble à celle de cet escogriffe de haut niveau qui, lisant trop, choisit un jour, et une fois pour toutes, le passage à l’acte. André a enfourché une des quatre bourriques du texte selon Saint Jean. Elle rue, elle saute, mais il tient bon. Il a pris son alternative en France. Il a tué à Lima et Madrid, capitales de deux empires… Le mardi 1er mai 1984, à Madrid, il nous a fait pleurer d’orgueil, cachés sous les gradins de la Monumentale… André Viard est l’antidote nécessaire à tout ce qui est routinier, cynique, démissionnaire et combinard dans le milieu taurin français. Il est notre droit collectif aux lumières. Notre droit local français à l’épopée taurine universelle ».

Vingt ans encore, et le Duc de Veragua, dans les salons de l’ambassade française à Madrid, remercia l’auteur de l’opus 1 de Tierras Taurinas consacré à la ganaderia fondée au XIXème siècle par son aïeul, descendant comme lui de Cristobal Colon, assurant qu’il trouverait une place de choix dans les archives familiales, riches de cinq siècles d’histoire. Quelques mois plus tard, le Conde de Santa Coloma le remercia à son tour pour la publication de l’opus 3 consacré à l’encaste créé un siècle plus tôt par son grand-père, en lui précisant qu’il était le seul à être venu le visiter dans son palais sévillan pour en exhumer la mémoire du passé. Moins d’un an plus tard, Antonio Barbeito, journaliste et écrivain espagnol, affirma dans le salon des cartels de la Maestranza où l’on présentait l’opus 7 de Tierras Taurinas consacré à Miura : « Viard est un homme de la Renaissance : il embrasse l’intégralité du savoir de son monde ». Le même jour, l’éditorialiste Carlos Herrera déclara : « Pour son apport à la tauromachie ce français mérite d’être conduit en procession sous un dais brodé dans les rues de Séville ! »

Licencié en droit public et titulaire d’un master de droit privé, André Viard préféra l’aventure de l’arène à celle des prétoires et obtint dans les années 80 la reconnaissance du statut d’artiste pour les toreros français.

Il est président de l’Observatoire National des Cultures Taurines depuis sa création en 2008, et il est missionné depuis 2017 par l’Union des Villes Taurines françaises pour mettre en œuvre son plan de défense, promotion et transmission au niveau culturel et institutionnel.

Grâce à ces deux entités la France a inscrit la tauromachie à l’inventaire de son Patrimoine Culturel Immatériel en 2011 et le Conseil Constitutionnel a ratifié en 2012 l’exception culturelle prévue par la loi dans les régions de tradition.

En 2016, après avoir organisé pour l’ONCT le colloque « l’homme et les animaux, vers un conflit de civilisation » au Sénat, il impulsa la création du collectif « Esprit du Sud », présent dans cinq départements et regroupant les acteurs de la ruralité et des traditions en vue de leur préservation.

Éditeur auteur de la revue livre bimestrielle Terres Taurines depuis 2004, André Viard a publié en Espagne une anthologie du taureau en 49 volumes sous le titre de Tierras Taurinas, laquelle est considérée comme l’encyclopédie taurine du XXIème siècle. Il a reçu à ce titre la plupart des prix littéraires décernés dans la spécialité, dont ceux remis par deux Ministres de la Culture espagnols, un autre au Sénat, ainsi que le prestigieux prix Genova. En France lui fut attribué en 1997 le Prix des universitaires d’Aquitaine pour « le mythe du taureau ».

Deux ans plus tard, en 1999, il créa et anima, le premier site d’information taurine quotidienne.

En 2015, il a écrit et réalisé le documentaire « Tauromachies Universelles » et conçu le « Musée itinérant des Tauromachies Universelles » qui servent de support aux opérations de transmission depuis 2016. Ce travail lui a valu de recevoir la « médaille d’honneur de l’Aficion » de la FSTF et la médaille d’or décernée par la FCPR en 2017.

Auteur par ailleurs d’une dizaine d’ouvrages juridiques, historiques, techniques, de dessins humoristiques sur la Tauromachie, ainsi que de quelques contre affiches de ferias, il a publié en 2021 une somme anthropologique, « La chair et le sens – une religion du taureau », (édition Au Diable Vauvert), dont le philosophe Francis Wolf a écrit : « Je ne connais rien de comparable en anthropologie comparée depuis Alvarez de Miranda ».

Photographe reconnu, son travail novateur sur le monde du taureau dans la nature et dans l’arène, salué en son temps par Lucien Clergue et publié dans Terres Taurines, Tierras Taurinas, Aplausos, Mundotoro, ainsi que sur les sites des arènes de Bilbao, Logroño, Palencia, Salamanca et Saint-Sébastien, est considéré comme une source d’inspiration par ses jeunes confrères.

À la question de savoir quelle fut, de toutes ses réalisations, la plus difficile de mener à bien, il répond sans hésiter : « Donner une série de naturelles à un taureau dans les arènes de Madrid ! »